detroit reunissant l atlantique a la mediterranee
Ily a 5,6 millions d'années, la Méditerranée était quasiment rayée de la carte du monde. À cette lointaine époque, en effet, le détroit de Gibraltar, situé à
RevueGénérale des Sciences, t. 27, 1916 Lucas Fernandez Navarro L’État actuel du problème de l’Atlantide L’État actuel du problème de l’Atlantide Il y a plusieurs années, d’abord à l’occasion de mes études géologiques aux Canaries, puis à la suite d’un voyage dans le Maroc occidental, j’ai dû m’occuper de ce que la Géologie peut nous enseigner sur le mystérieux
Résuméde la géopolitique de l'Europe un continent par convention européen si définit grossièrement les limites de on la méditerranée au sud, le caucase au. Se connecter S'inscrire; Se connecter S'inscrire. Accueil. Ma Librairie. Matières. Tu n'as pas encore de cours. Livres . Tu n'as pas encore the livres. Studylists. Tu n'as pas encore de Studylists. Documents Récents. Tu n'as
Uneguerre navale déjà mondiale. En octobre 1914, les flottes allemande, française et russe s’affrontent dans le détroit de Malacca. En novembre, la marine allemande inflige à la Royal Navy britannique sa première défaite depuis plus d’un siècle,
Latempérature de la mer est en passe d'atteindre les 30°C (comme le 22/7) à la bouée au large de la côte orientale de la #Corse (Alistro). L’anomalie thermique de la Méditerranée occidentale est exceptionnelle, parfois > à 5°C au large de la Provence.
nonton film my lecturer my husband season 1 lk21. Planète Un temps séparée de l'Atlantique, la mer intérieure évaporée aurait été remise en eau en quelques mois seulement. La Bible raconte comment la mer Rouge s'ouvrit devant Moïse, permettant la fuite d'Egypte du peuple hébreu. Une équipe hispano-française narre, dans l'édition du 10 décembre de la revue Nature, une non moins merveilleuse histoire celle de la brutale remise à flots, voilà 5,3 millions d'années, de la Méditerranée. La "mer au milieu des terres" des Anciens, jadis reliée à l'océan Atlantique par des canaux naturels situés au sud de l'Espagne et au nord de l'Afrique le détroit de Gibraltar en tant que tel n'existait pas encore, en fut séparée, voilà 5,6 millions d'années, par la remontée de la plaque tectonique africaine vers la plaque eurasienne. Cet isolement provoqua l'évaporation et le quasi-assèchement de la Méditerranée, dont les eaux baissèrent de 1,5 à 2,7 km par rapport à leur niveau actuel. Cataclysme environnemental De cet épisode, que les géologues nomment la "crise de salinité messinienne", témoignent les couches de sels minéraux, épaisses de quelque 2 km, tapissant le fond des bassins et recouvertes de sédiments, qui furent mises en évidence en 1970 lors d'une campagne de carottage. Longtemps controversé, le scénario est aujourd'hui admis par la communauté des géologues. Mais la façon dont cette vaste cuvette s'est à nouveau remplie reste l'objet de discussions. Certains imaginaient que la différence de niveau entre l'Atlantique et la Méditerranée avait entraîné le déversement en cascade de l'océan dans la mer. Et que la remise en eau avait duré entre une dizaine et quelques milliers d'années. Les travaux publiés dans Nature décrivent un autre processus, beaucoup plus brutal. Des forages et des relevés sismiques ont fait apparaître, de part et d'autre du soubassement rocheux du détroit de Gibraltar, des ouvertures profondes de plus de 250 mètres. Preuve qu'après quelques centaines de milliers d'années de déconnexion, l'érosion a fini par creuser un canal transversal, long de 2 km, par lequel les eaux de l'Atlantique se sont engouffrées. L'écoulement aurait été progressif, mais 90 % de la masse d'eau aurait déferlé dans la Méditerranée en un laps de temps très court, compris entre quelques mois et deux ans seulement. Un résultat issu d'un modèle d'érosion appliqué aux rivières de montagne. Dans sa phase maximale, ce transvasement aurait charrié plus de 100 millions de m3 d'eau par seconde soit mille fois le débit de l'Amazone, entraînant une montée de la mer intérieure de plus de 10 mètres par jour. "Il s'agit d'une modélisation, dont les conclusions doivent être considérées avec prudence et confrontées aux données de terrain", précise Christian Gorini, de l'Institut des sciences de la Terre de Paris CNRS-université Pierre-et-Marie-Curie cosignataire de l'étude. Des données sismiques récentes suggèrent que la remise à flots se serait faite en deux étapes, et que la montée des eaux n'aurait pas dépassé un mètre par jour. Il ne s'en est pas moins agi d'un cataclysme environnemental... aux conséquences heureuses, souligne Jean-Pierre Suc, du Laboratoire de paléoenvironnements et paléobiosphère CNRS-université de Lyon-I avec les eaux sont revenues la faune et la flore marines qui avaient disparu de la Méditerranée. Et la mer Noire, qui s'était elle aussi asséchée, a profité d'un environnement plus humide pour se reconstituer. Pierre Le Hir Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Découvrir les offres multicomptes Parce qu’une autre personne ou vous est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil. Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois ordinateur, téléphone ou tablette. Comment ne plus voir ce message ? En cliquant sur » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte. Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ? Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte. Y a-t-il d’autres limites ? Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents. Vous ignorez qui est l’autre personne ? Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.
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Toponymie et iconographie Emmanuelle Vagnon Texte intégral 1 La bibliographie sur les portulans et les cartes marines médiévales a été notablement ... 1Les cartes marines, que l’on appelle aussi parfois des cartes portulans, sont emblématiques de l’expansion maritime européenne. Dessinées sur des pièces de parchemin et parcourues par des lignes en étoile, elles sont élaborées et communément utilisées à partir des xiie et xiiie siècles en Occident. D’abord centrées sur le bassin méditerranéen et la mer Noire, elles s’étendent ensuite à d’autres espaces maritimes au xvie siècle1. 2Le détroit de Gibraltar, seuil d’une mer presque close, ouverture vers le grand large, est un des éléments structurants de ces cartes, dès l’origine, aussi bien sur le plan de la construction cartographique que sur le plan de la mise en scène géopolitique de l’espace. À vrai dire, ce passage entre deux mondes maritimes, perçu depuis l’Antiquité comme une porte, est en lui-même formé de plusieurs limites qui créent un espace en soi, structuré par des promontoires et des golfes. À l’ouest, du côté de l’océan Atlantique, le détroit est délimité par le cap Trafalgar, en Espagne, et le cap Spartel au Maroc, séparés par environ 45 km ; à l’est, du côté de la Méditerranée, se font face deux pointes, l’une en Europe le rocher de Gibraltar, l’autre près de Ceuta en Afrique Punta Almina, distantes d’une vingtaine de kilomètres. Le tout forme une sorte de quadrilatère irrégulier. Au nord-ouest, le détroit débouche dans le golfe de Cadix, qui s’ouvre largement sur l’Atlantique, tandis qu’au nord-est, le golfe d’Algésiras sépare Tarifa de Gibraltar. Au sud, sur la côte marocaine, la baie de Tanger s’ouvre entre le cap Spartel et Ceuta. 2 Fidence de Padoue, Liber de recuperatione Terrae Sanctae, Paris, BnF, latin 7242, ... 3Au Moyen Âge, le détroit, dit de Gadès, d’Hercule ou du Maroc strictum Marochie2, est déjà une voie de passage fréquentée par les bateaux de guerre et les navires de commerce. En tant que porte de la Méditerranée et perçu comme une frontière, le détroit reçoit une attention particulière de la part des cartographes. Nous verrons que le dessin des cartes marines médiévales repose en grande partie sur la détermination de l’axe de la mer Méditerranée de Gibraltar à Alexandrie. D’autre part, la toponymie et les conditions de navigation sont observées et rendues avec soin, dans les textes des portulans comme sur les cartes, et les références à l’Antiquité sont effacées au profit d’un glossaire nautique mêlant latin, arabe et langues romanes. Nous examinerons ces deux aspects en analysant enfin quelques exemples de la représentation politisée du détroit, du xve au xvie siècle. Le détroit dans la structuration des cartes de la Méditerranée Nom dans les sources et détermination de sa forme et de ses limites 3 Le détroit ouvre sur l’océan circulaire sur de nombreuses mappemondes médi ... 4Une première remarque concerne le nom même du détroit de Gibraltar sur les cartes marines. Contrairement aux mappemondes schématiques du Moyen Âge où le détroit est clairement représenté et nommé, suivant cela une tradition de l’Antiquité tardive liée à la glose des auteurs classiques, les portulans et les cartes marines médiévales ne soulignent pas nécessairement la valeur symbolique de ce seuil3. Le passage maritime entre la Méditerranée et l’océan Atlantique est certes représenté sur la plupart des cartes marines médiévales, mais il ne reçoit pas de nom particulier. En revanche, la toponymie locale est particulièrement détaillée, et selon l’échelle et le cadrage de la carte, le cartographe accorde une place plus ou moins grande aux rivages qui entourent le passage à l’est ou à l’ouest. 4 Pujades i Bataller, 2013, pp. 17-25. 5 Berlin, Staatsbibliothek, Hamilton 396. Il Compasso da navigare, éd. de Motzo, ainsi q ... 5On a longtemps considéré la carte pisane comme la plus ancienne carte portulan connue, et de là, comme l’archétype des cartes marines qui devaient circuler en Méditerranée occidentale à la fin du xiiie siècle4. Cette carte a la particularité d’être strictement limitée au bassin méditerranéen et à la mer Noire cette dernière étant presque effacée à cause du mauvais état du document. Le détroit de Gibraltar est, de la sorte, dessiné à l’une des extrémités du parchemin, et le dessin de la côte s’arrête peu après vers l’ouest. Par ailleurs, le Compasso da navigare, ce portulan dont le plus ancien manuscrit date de 1296, décrit les rivages de la Méditerranée en commençant par le cap Saint-Vincent en portugais cabo de São Vicente, dans la municipalité portugaise de Sagres, dans l’Algarve5. Ce cap est le point le plus au sud-ouest de l’Europe, l’un des lieux considérés au Moyen Âge comme l’extrémité de l’Europe occidentale. Le portulan, qui énumère les toponymes de proche en proche dans le sens des aiguilles d’une montre, propose un parcours tout autour de la Méditerranée et s’achève à l’ouest près de son point de départ, mais sur la rive africaine, au-delà de Ceuta. 6 Campbell, 1987 et Pujades i Bataller, 2007. Voir également le recensement des cartes s ... 7 Gabriel de Vallseca, Majorque, 1447, BnF, CPL GE C-4607 RES ; Gabriel de Vallseca, 1 ... 8 Bouloux, 2002, pp. 249-254. 6Le recensement des cartes marines médiévales commencé dans les années 1980, les recueils illustrés et, désormais, les archives numérisées des bibliothèques permettent de consulter rapidement un bon nombre de reproductions de cartes marines médiévales6. On constate que la grande majorité des cartes marines de la mer Méditerranée donnent à voir le détroit de Gibraltar, au moins jusqu’à son embouchure occidentale. Celles qui s’arrêtent à cet endroit sont finalement plutôt rares c’est le cas de la carte pisane et de certaines cartes de Gabriel de Vallseca, par exemple7. Les cartes marines de l’école catalane Dulcert/Dalorto, l’Atlas catalan, Soleri, Mecia de Viladestes sont au contraire largement ouvertes vers l’Atlantique, de manière à représenter également les îles océaniques et la côte africaine. La limite occidentale du monde connu n’est certainement pas le détroit de Gibraltar, mais plutôt les îles Canaries, colonisées depuis le xive siècle et identifiées aux îles Fortunées antiques8. Plus loin dans l’Atlantique, des îles inconnues sont également représentées et parfois nommées, invitation, par anticipation, aux voyages maritimes et aux explorations futures. 9 Grazioso Benincasa, 1466. Atlas de la Méditerranée et Atlantiq ... 7L’étude de la composition d’un atlas de cartes marines de Grazioso Benincasa, typique de la production vénitienne de la deuxième moitié du xve siècle, permet de comprendre à quel point le détroit de Gibraltar est important dans la perception et l’organisation de l’espace méditerranéen9 fig. 1. Le cartographe a choisi de réunir des cartes de portions de la Méditerranée avec des orientations et des échelles différentes. Sur cinq cartes, trois représentent le détroit ; elles sont orientées soit vers l’ouest ce qui facilite la lecture des toponymes européens et porte le regard vers l’Atlantique, soit vers le nord quand il s’agit d’illustrer la progression des connaissances géographiques le long de la côte africaine dans les années 1470. Fig. 1. — Détail du détroit de Gibraltar, Grazioso Benincasa, Atlas de la Méditerranée et de l’Atlantique, 1466, feuille 3, Méditerranée occidentale », Paris, BnF, CPL GE DD-2779 RES 10 Astengo, 2007. 8À la suite de ces atlas de la fin du xve siècle, au fur et à mesure de l’expansion océanique européenne, l’échelle des cartes marines étendues, jusqu’à devenir des planisphères, se réduit ; et de même, très souvent, le degré de détail et le nombre des toponymes sont limités à quelques-uns. Le détroit reste néanmoins important et tient la comparaison avec d’autres grands passages stratégiques du monde le cap de Bonne-Espérance, le détroit de Magellan, le détroit de la Sonde. En parallèle, il existe également au xvie siècle des cartes marines régionales très détaillées et des écoles cartographiques méditerranéennes qui continuent à mettre en valeur le détroit comme passage vers les autres parties du globe10. L’axe Gibraltar-Alexandrie 11 Id., 2005, p. 24. 9Le détroit de Gibraltar est structurant, non pas seulement parce qu’il limite la mer Méditerranée et ouvre vers l’océan, mais aussi parce qu’il participe à la composition des cartes marines, reconnaissables à ces lignes de vents qui rayonnent à partir de points géométriques. Plusieurs tentatives ont été faites pour identifier le mode de construction de ces cartes les lignes viendraient-elles avant ou après le dessin des côtes11 ? Le cartographe recopie souvent des modèles avec un système de calques ou à main levée et adapte l’échelle de la carte à la taille du parchemin disponible. Mise à part une hypothétique utilisation en mer de ces lignes de vents pour orienter le navire ou calculer des distances, le canevas, me semble-t-il, sert surtout à centrer le dessin cartographique sur des régions jugées importantes et à situer les régions les unes par rapport aux autres en fonction de la rose des vents. 12 Id., 1995 et 2005, p. 29. 10De ce strict point de vue graphique, la place du détroit de Gibraltar par rapport à ce réseau de lignes des vents revêt une importance particulière. En effet, les cartes portulans présentent une torsion de l’axe de la Méditerranée d’environ dix degrés vers le nord. De la sorte, le détroit est représenté à la même latitude qu’Alexandrie, alors qu’il est en réalité à la latitude de Chypre. Cette construction cartographique s’observe sur les plus anciens exemplaires conservés et se maintient très longtemps pendant le xvie siècle, comme une tradition de représentation propre à ce genre cartographique. L’explication donnée habituellement est que les cartographes se servent du nord magnétique, indiqué par la boussole, comme nord de référence de la carte. La différence d’une dizaine de degrés entre le pôle et le nord magnétique provoque cette distorsion, due non pas à une erreur, mais à une référence et à un système de construction différents de celui des cartes actuelles, qui ont le pôle Nord comme référent et utilisent la projection de Mercator12. 13 Petrus Vesconte, Gênes, 1313, BnF, CPL GE DD-687 RES Recueil de six ca ... 11Certaines cartes marines médiévales, mais elles sont rares, montrent la ligne ouest-est passant par le détroit Vesconte, 1313 il s’agit de l’une des lignes de construction et cela n’est possible que parce que le point d’intersection de lignes de vents ou point nodal se trouve dans l’axe du détroit. Quelques cartographes soulignent l’importance du détroit en le choisissant comme le centre d’un réseau de lignes, mais ce n’est pas systématique13. Le détroit de Gibraltar pour les navires de l’Atlantique 12Un autre aspect du caractère structurant du détroit de Gibraltar pour la cartographie est la symétrie opérée fréquemment dans les sources avec les détroits de la mer Noire, à l’autre extrémité de la Méditerranée. Les commentateurs médiévaux n’ont pas manqué de relever les points communs entre ces deux portes maritimes, caractérisées par des promontoires rocheux face à face, et séparant deux continents. Un passage du portulan intitulé le De viis maris souligne ainsi 14 De viis maris, éd. de Gautier Dalché, p. 194 Quia sciendum est quod du ... Il faut savoir qu’il existe deux entrées dans la mer Méditerranée, dont l’une est au détroit d’Afrique, l’autre près de Constantinople et s’appelle le bras Saint-Georges. Or pour ceux qui veulent aller par mer en Terre de promission, il convient d’entrer par le premier de ces accès et de passer par les ports qui se trouvent entre les deux14. 13Le rédacteur du De viis maris, selon l’analyse de P. Gautier Dalché, est un clerc anglais accompagnant la troisième croisade Roger de Howden au xiie siècle. Selon son point de vue, qui était celui des croisés anglais et avant eux celui des aventuriers normands du xie siècle, le chemin vers la Terre sainte passait nécessairement par le détroit de Gibraltar ; puis on gagnait le Proche-Orient par cabotage d’ouest en est, comme si Gibraltar et Constantinople étaient situées à peu près sur une même ligne reliée par des étapes maritimes. Il s’agit là exactement de la logique de composition du portulan, tel qu’il est rédigé dans la suite du document. L’auteur ou plutôt le compilateur n’envisage à aucun moment une traversée en droiture, mais la représentation de la Méditerranée qui ressort de ce passage est celle d’un axe maritime borné à l’ouest par le détroit de Gibraltar, à l’est par le Bosphore. 14Le détroit de Gibraltar est non seulement l’entrée de la Méditerranée pour les navires de guerre, mais aussi le passage obligé de galées méditerranéennes qui alimentent le marché de la mer du Nord à l’aller et au retour. Cette route des Flandres rendue évidente sur une carte de navigation, est évoquée ainsi au cours d’un procès au sujet du paiement d’une taxe due pour le passage entre l’île d’Ibiza et la côte ibérique. Le document est un ensemble de pièces relatives au contentieux entre Giovanni Rosso, un Vénitien propriétaire d’un bateau amarré au port de Portopin et qui revient de Flandre, et le collecteur de la lleuda taxe de fret à Tortosa, en 1418. Afin de prouver que la taxe ne les concerne pas, le juriste Arnaud de Mure et le consul vénitien de Majorque, Nicolas de Pax, présentent à la cour de justice une carte nautique. À l’aide d’un compas, ils montrent sur la carte le trajet suivi à l’aller par le navire pour se rendre en mer du Nord par le détroit de Gibraltar ; le navire est passé très loin au sud de Majorque et ne peut donc pas être soumis à la taxe de Tortosa. 15 Aujourd’hui Portopi, quartier du port à Palma de Majorque. 16 Palma de Majorque, Arxiu del Regne de Mallorca, A. J. 474, fo 129ro-vo Cumque posi ... Une fois posé le fait que ladite nef maintenant amarrée devant le port de Portopin15, doit aller et naviguer vers les parties de Flandres, c’est-à-dire les parties du ponant, elle peut naviguer en mer à distance du dit détroit desdites îles et de la terre de Catalogne. Le vénérable Arnaud, pour prouver ce qu’il disait, désigna sur une carte de navigation, qu’il montra ici et déploya, et signala avec un compas, l’arrivée par la mer de Provence et le parcours par mer de ladite nef16. 15Ce texte démontre à quel point la carte marine était jugée fiable, puisqu’elle sert de preuve dans un procès. Il rappelle également le rôle des cartes comme moyen de repérage et comme enregistrement, et sans doute enseignement des routes commerciales. Les deux rives du détroit Étude de la toponymie l’aide des portulans textuels 16L’étude détaillée de la toponymie du détroit sur les cartes marines révèle la densité des noms et le soin apporté au dessin de la côte, en particulier les promontoires, dont les contours sont agrandis par rapport à l’échelle de la carte. En parallèle, les portulans textuels aident au déchiffrage de ces noms de lieu. On constate que certains toponymes cités, soit dans les portulans soit sur les cartes, ne sont pas des ports de mer. Par exemple, Séville et Cordoue sont mentionnées et représentées comme s’il s’agissait des étapes de cet itinéraire de cabotage ; mais elles sont en fait mentionnées en tant qu’escales obligatoires pour le commerce. L’auteur du De viis maris est particulièrement sensible à cet arrière-plan des capitales régionales, qu’elles soient ou non au bord de la mer 17 De viis maris, § 4 Deinde in eadem terra Sarracenica est bonus portus Sibille qui ... Ensuite, dans cette même terre des Sarrazins il y a le bon port de Séville, qu’on appelle Godelkivir ou Udelkebir. En remontant ce fleuve on va à la cité de Cordoue, dans laquelle est né Lucain17. 18 Villaverde Vega, 2001, carte p. 196. 19 De viis maris, § 6 Et est sciendum quod ex utraque parte districtarum Affrice est ... 20 Ibid., voir le commentaire prudent de Gautier Dalché dans son édition, p. 266 Beck ... 17Elles sont plus ou moins mises en valeur sur les cartes marines, avec une attention portée à la situation d’hinterland au fond d’un estuaire ou sur une colline, et parfois signalées par des vignettes urbaines. Les toponymes fournis par le rédacteur du De viis maris mélangent quelques références antiques Calpes », Athlas » viennent probablement de la Pharsale de Lucain, cité précédemment avec des noms vernaculaires retranscrits phonétiquement, où se mélangent le latin et l’arabe. P. Gautier Dalché, dans son édition, ne les a pas tous commentés ; nous proposons ici quelques identifications par recoupement avec d’autres sources18 Sparte » pour le cap Spartel, Tange », Cacerium » pour l’Alcazar, Muee » ailleurs Mucemuthe, Mulemuda, Monzema pour Qaṣr Masmūda aujourd’hui Qaṣr al-Saġir, Scep » pour Ceuta, Boloo » pour le cap Belona ou Belyounech, et Ieziratarif », mot réunissant Algésiras et Tarifa19. Les deux cités et châteaux », nommés Becke et Tele sur la côte espagnole, et Swell » pourraient provenir aussi de la déformation de toponymes arabes20. 21 Voir la notice rédigée par Marie-Pierre Laffitte dans le catalogue [disponible en ... 18L’association matérielle des portulans textuels et des cartes marines est néanmoins relativement rare dans la documentation dont nous disposons. Un manuscrit méconnu de la Bibliothèque nationale de France contient ainsi, de manière exceptionnelle, une traduction librement adaptée en français, datée d’environ 1510, du Compasso da navigare, illustrée de cartes enluminées très fines21 fig. 2a et 2b. L’ouvrage combine les avantages de la description géographique assortie de directions, de chiffres et d’indications nautiques, avec une représentation des contours des côtes et de la position relative des ports et lieux géographiques les uns par rapport aux autres. Comme dans le Compasso da navigare, la description de la Méditerranée commence en Espagne, se déroule d’ouest en est et s’achève au Maroc. Le détroit de Gibraltar est donc décrit d’abord au folio 3 pour la côte espagnole, puis aux folios 68vo-69ro pour la côte africaine. Sur ces cartes encadrées, orientées vers le nord et entourées des directions de la rose des vents, figurent les portions de côtes correspondantes, montrent les rivages face à face et permettent de visualiser les distances relatives d’un port à l’autre. De précieuses indications de distances sont données au début et à la fin du texte entre les deux rives du détroit, ainsi que des aspects du paysage utiles au navigateur île, chenal, montagne ou cap, port, forteresse. 19Ainsi, au début du portulan, consacré à la côte espagnole, les noms de lieux cités et les chiffres correspondent à l’île de Cadix, identifiée avec l’antique Gadès/Gadira, Trafalgar, puis la distance entre Trafalgar et Ceuta Septe qui est du côté d’Afrique », puis Tarifa, le golfe d’Algésiras et le mont de Gibraltar, la distance Gibraltar/Ceuta, puis Estepona et Marbella. De la dicte seche qui est une petite isle a l’isle de Cadis qui anciennement estoit appellee Gadira a XX mile par siroc. En ladite isle a bon port lequel est au-devant de la cite de Gadira laquelle est deffaicte cest assavoir devers tramontane. Et la y a fons de six pas. Et sachez que depuis ledit port iusques a la poincte de lisle devers couchant a fons de VIII piez par canal. Dudit Cadis a Trafigara a XXX mile par siroc. Par-dessus ladicte Trafigara VII mile en mer par libech a une seche et poues passer entre la dicte seche ou la terre ou par dehors comme lon veult. De Trafigara a Septe qui est du couste d’Afrique a LX mile par siroc. De Trafigara a Tariffe a XXX mile par siroc. De Tariffe au chef d’Alzasire du cadre a V mile par levant lisle est par-dessus la ville en mer VII mile et demy et y a bon port de la part de la ville. Et VIII pas de fons du chef de levant a une seche loing du prouis qui se destent devers grec et fait port au devant de ladicte isle. De ladicte isle au mont de Gibelterre a VIII mile par siroc vers levant au devant du chasteau a bon port et fons de VIII pas. Et audit mont vers terre ferme tirant vers Alzasire a V mile ou il y a une gueule de fons plain de VII pas. Et la seurte en est bonne ledit mont se monstre forchu par le devant. Fig. 2a. — Description des côtes, des îles et des ports de l’océan Atlantique et de la mer Méditerranée, vers 1500, Paris, BnF, ms. Français 2794, fo 3ro 22 BnF, ms. Français 2794, fo 3ro-vo. Audit mont de Gibelterre a Septe a XXX mile par midy vers siroc. Dudit mont iusques a Stopena a XX mile par grec vers tramontane et en ladicte Stopena y a une seche V mile en mer qui s’apelle Bequarde. De Stopena a Marbelle a XIII mile par grec22. Fig. 2b. — Description des côtes, des îles et des ports de l’océan Atlantique et de la mer Méditerranée, vers 1500, Paris, BnF, ms. Français 2794, fo 3vo © Bibliothèque nationale de France 23 Selon Motzo, dans son édition de Il Compasso da navigare, pp. cxxv-cxxvii. La valeur du ... 24 Une approche intéressante de modélisation des parcours maritimes anciens e ... 25 Il Compasso da navigare, éd. de Motzo, p. 4, n. 1. 20Comme dans le Compasso da navigare, traduit et adapté en français, la description procède de place en place, en donnant la direction d’un lieu à l’autre en fonction de la rose des vents des marins, comportant huit vents » principaux Tramontane, Grec, Levant, Siroc, Midy, Libech, Ponant, Mestral. Ces vents ne sont pas ceux qui soufflent dans les voiles, mais bien les caps vers lesquels doit se diriger le navire. Une reconstitution des distances réelles en kilomètres sur une carte actuelle calculée par le système d’information géographique SIG permet d’évaluer rapidement la cohérence globale de ces distances et de ces orientations, même si dans le détail de nombreuses distorsions apparaissent carte. Si l’on prend la valeur du mille de 1 230 m, admise par B. R. Motzo pour les portulans médiévaux, la distance de traversée entre Trafalgar et Ceuta est remarquablement exacte ; pour les autres mesures, la valeur du mille oscille entre 1,2 et 1,5 km23, avec de nombreuses incohérences. Par exemple, la distance Gibraltar-Ceuta est donnée comme équivalente à Trafalgar-Tarifa. On imagine aisément deux raisons au moins de ces erreurs d’abord la manière de relever les distances, puis les erreurs de transmission de ces données. D’une part, sur de si petites distances, les marges d’erreur sont grandes selon l’endroit exact qui sert à la mesure Gibraltar » désigne-t-il la péninsule ou le rocher à son extrémité ? ; selon que ces distances sont calculées à vol d’oiseau, par visées et triangulations, ou au contraire tiennent compte des aléas du parcours lorsque le navire contourne le rivage24 ; ou encore si ces distances viennent d’observations de terrain ou bien sont calculées d’après une carte, déjà susceptible d’approximations et de déformations. D’autre part, la copie des manuscrits entraîne souvent des erreurs, en particulier lorsqu’il s’agit de recopier des chiffres. Le Compasso da navigare comprend parfois des variantes dans les distances, notées par l’éditeur25. Carte des distances maritimes entre les principaux ports du détroit DAO D. Gherdevich. © Esri, DeLorme, HERE Tableau des directions et des distances entre les ports du détroit de Gibraltar, d’après le ms. Français 2794 Lieux Directions Distances de départ d’arrivée sur la rose des vents actuelles en milles en km 1 mille = 1 230 m navigables en km Cadix Trafalgar Siroc SE 30 36 47 Trafalgar Ceuta Siroc SE 60 73 74 Trafalgar Tarifa Siroc SE 30 36 42 Tarifa Île d’Algésiras ? Levant E 5 6, 15 27 Algésiras Mont de Gibraltar Siroc SE 8 9, 8 9 Mont de Gibraltar Ceuta Midi vers siroc SSE 30 36 25 Mont de Gibraltar Estepona Grec vers tramontane NNE 20 24,6 38 Estepona Marbella Grec NE 13 15,9 25 26 BnF, ms. Français 2794, fo 68vo De Monzema a la cité de Septe a CL mile par ponant ... 27 Cette section est une traduction librement adaptée et enrichie du Liber insularum Arch ... 28 Il Compasso da navigare, éd. de Motzo, pp. 78-79 Lo compli ... 29 Le manuscrit a été offert à François d’Angoulême, futur François Ier, dont on voit le ... 21Soulignons enfin que le portulan français ne suit pas exactement le texte italien du Compasso da navigare l’original est en effet beaucoup plus précis pour les indications d’orientations et mentionne en outre des bancs de sable et des chiffres de profondeurs. Par ailleurs, la composition du texte n’est pas strictement identique. Dans le portulan français, le tour de la Méditerranée s’achève à Ceuta fig. 3. La description finit par la mention des deux promontoires qui entourent le port de Ceuta la Punta Almina et Belonas » Punta Belona, Belyounech26. Au recto du folio 69, la description reprend pour quelques lignes à partir de l’Espagne, au nord-est de Gibraltar, entre le chef de Paulx » le cap Palo, près de Carthagène et une série de ports du Maghreb Alger, Oran, Tanger. Puis le portulan proprement dit s’achève et le manuscrit s’enchaîne sur une nouvelle section consacrée à la description des îles27. La comparaison entre ce texte français et l’original italien permet de comprendre que le paragraphe sur le cap Palo est un vestige d’une partie entière du Compasso da navigare, un complément » consacré aux traversées en droiture, d’un rivage à l’autre de la Méditerranée28. Le traducteur a ainsi simplifié les informations trop techniques, sans doute parce que le luxueux manuscrit Français 2794 n’est pas un ouvrage destiné à la pratique, mais un atlas géographique d’une bibliothèque de cour29. Une partie de la cohérence de l’œuvre originale en italien y a été perdue. Fig. 3. — Description des côtes, des îles et des ports de l’océan Atlantique et de la mer Méditerranée, vers 1500, Paris, BnF, ms. Français 2794, fo 68vo © Bibliothèque nationale de France Une topographie et une hydrographie précises 22Les portulans textuels ne se contentent pas d’énumérer les toponymes côtiers ils fournissent également des informations pertinentes sur les conditions de navigation, particulièrement difficiles dans le détroit de Gibraltar. On trouve fréquemment des indications chiffrées sur les profondeurs il y a fonds de six pas » et sur la localisation des récifs et bancs de sable, appelés secca » ou sèche » dans le Compasso da navigare et sa traduction française. Certains de ces hauts-fonds portent un nom […] à Estepona y a une sèche à cinq milles en mer qui s’appelle Bequarde ». 30 Il est donc possible que la description du courant dans le détroit corresp ... 23Plus rare est la mention des courants dans le détroit. En effet, le courant dominant entraîne les eaux de l’Atlantique d’ouest en est vers la Méditerranée à cause de l’évaporation importante de l’eau de la mer fermée ; mais il existe également un courant en sens inverse, plus profond. Ces courants marins opposés s’y rencontrent, créant des turbulences qui rendent la navigation dangereuse. À cela s’ajoute le phénomène des marées océaniques, perceptibles au moins jusqu’au golfe d’Algésiras, ainsi que des vents violents. Le texte du De viis maris fait remarquer ce phénomène, et cependant souligne le courant inverse, celui qui va de la Méditerranée vers l’Atlantique30. Les vents d’ouest poussent en revanche le bateau vers l’intérieur du passage. Pour éviter les turbulences provoquées par les courants contraires, le navire doit garder son cap sans s’approcher trop du rivage. 31 De viis maris, § 5, p. 195 Et est notandum quod ad introitum districtarum Affrice ... Il faut noter qu’à l’entrée du détroit d’Afrique, le courant est si fort que, si la force du vent n’est pas plus forte encore pour repousser ce courant, celui-ci empêchera l’entrée du navire. Mais lorsque le navire sera entré dans le détroit d’Afrique, il ne déviera ni vers la droite ni vers la gauche, mais devra aller tout droit avec beaucoup de précautions jusqu’à ce qu’il ait parcouru une distance de 10 milles selon l’estimation des marins, et ensuite il doit se diriger vers la gauche par rapport au navire [à bâbord] et tenir son cap près de l’Espagne et les territoires voisins, jusqu’à atteindre Marseille31. 24Les cartes marines localisent les bancs de sable et les hauts-fonds par un système de points rouges et de croix ; c’est une convention déjà présente sur les cartes de Pietro Vesconte au début du xive siècle et elle est conservée pour la cartographie maritime au-delà du xviiie siècle. En revanche, on ne trouve pas d’équivalent graphique des indications concernant les courants et les vents de tels signes apparaissent très tard, avec les chiffres des profondeurs, à la fin du xviie siècle. L’iconographie du détroit une frontière maritime 25Les exemples présentés jusqu’ici soulignent la position du détroit comme seuil maritime entre l’océan et la mer ; mais le passage est également cartographié comme une frontière entre deux espaces terrestres, l’Espagne et le Maroc, et plus largement, deux parties du monde, l’Europe et l’Afrique. Les dimensions historiques, politiques, religieuses de cette frontière, ne sont pas oubliées. Dans le De viis maris, écrit à l’époque des croisades, l’opposition entre deux ensembles géopolitiques affrontés est clairement soulignée 32 Ibid., § 6 Et est sciendum quod ab introitu districtarum Affrice usque ... Et il faut savoir que depuis l’entrée du détroit d’Afrique jusqu’à Ascalon, qui est près de Jérusalem, toute la terre des païens se trouve à la droite du navire [à tribord], et à l’opposé, depuis l’entrée du détroit d’Afrique jusqu’au grand mont appelé Muscian, c’est l’Espagne sarrazine. Et à côté d’elle se trouve la voie de ceux qui vont en pèlerinage en terre de Jérusalem. Et depuis le mont que l’on appelle Muscian jusqu’à Ascalon, à la gauche du navire [à bâbord] presque toute la terre est terre des chrétiens32. 26Du point de vue des paysages représentés sur les cartes les plus ornementales, l’opposition géographique entre l’Europe et l’Afrique est soulignée par quelques vignettes à l’intérieur des terres les pavillons héraldiques, les personnages, les animaux exotiques en Afrique, participent de cette différenciation des rivages européens et africains. Sur certaines cartes, le peintre a représenté quelques montagnes notamment Grenade et fleuves le Guadalquivir, en revanche le mont de Gibraltar, la plupart du temps, n’est pas caractérisé visuellement comme une montagne, mais seulement comme un cap ou promontoire. 33 BnF, ms. Français 2794, f° 2vo ; Il Compasso da navigare, éd. ... 27Dans le manuscrit Français 2794 de la Bibliothèque nationale de France, un portulan à l’iconographie exceptionnelle, le peintre a choisi de représenter le passage en accentuant les promontoires et les golfes décrits dans le texte. Le détroit apparaît ainsi comme une succession de caps séparés par des anses semi-circulaires. Selon la tradition, récifs et îlots sont mis en évidence par des croix et des points rouges autour de l’île de Cadix ; mais les hauts-fonds mentionnés sont loin d’être tous représentés. Le mont de Gibraltar est figuré comme un rocher, surmonté d’une citadelle aux toits pointus et crénelés. Le cap est figuré avec trois pointes, comme une fourche, conformément à la description qui se trouve déjà dans le Compasso da navigare ledit mont se monstre forchu par devant33 ». Les vaguelettes sont plus décoratives que descriptives, mais peuvent à la rigueur évoquer les forts courants maritimes. Le peintre a aussi représenté des navires, l’un au port, l’autre doublant un cap vers la Méditerranée. Par ailleurs, mais de manière pas toujours cohérente, l’enlumineur a pris le parti de figurer différemment les villes chrétiennes de style gothique et les villes de terres musulmanes avec des coupoles et des bulbes. Il adapte en cela une tradition qui remonte aux cartes catalanes du xive siècle. Bien-sûr, même au début du xvie siècle, cette distinction ne recoupe qu’imparfaitement la frontière géographique du détroit, et l’on se souvient que l’Espagne du sud est terre musulmane autour de Grenade jusqu’en 1492. C’est peut-être pour cela que Carthagène, au folio 69, est dessinée avec des toits en coupoles, rappelant l’architecture orientale. 34 La Roncière, Mollat du Jourdin éd., 1984, no 68, ... 28Cette iconographie politisée, avec personnages et étendards, n’est pas limitée aux cartes médiévales ; elle a au contraire tendance à s’accentuer dans la production méditerranéenne très ornementale des xvie et xviie siècles. Les cartes montrent alors les enjeux d’une Reconquista ibérique qui a franchi le détroit vers le sud. Par exemple, l’atlas de Diogo Homem de 1559 montre les bannières de Castille et du Portugal sur la rive africaine à côté d’un étendard au croissant. Au contraire, Giacomo de Maggiolo au xvie siècle oppose terme à terme un Maghreb musulman et ottoman à une Europe très romaine. La mise en scène d’une opposition politique et militaire entre les deux rives est enfin renforcée de manière spectaculaire au xviie siècle sur les cartes de Francesco Oliva le sabre contre l’épée, 1603 et Augustin Roussin 163334. 29Contrairement à d’autres lieux communs de la géographie antique et biblique, l’on constate que le mythe des colonnes d’Hercule ne fait pas partie de l’iconographie des cartes marines médiévales, même ornementales, et qu’il n’est pas évoqué non plus dans les portulans textuels. Si la toponymie romaine est parfois présente Gadès, Calpe, Athlas, l’attention aux noms de lieux en langues vernaculaires est bien plus importante. Il est manifeste que le détroit de Gibraltar a très tôt attiré l’attention des auteurs de recueils d’instructions nautiques et de cartes marines, parce qu’il est le lieu de passage obligé des navires entre l’océan atlantique et la Méditerranée et parce que la navigation y est particulièrement difficile. Cet endroit est conçu d’ailleurs comme un axe structurant des cartes, au même titre que les détroits de la mer Noire à l’autre extrémité de la Méditerranée. La toponymie, les distances, les courants, les ports et les rivages sont décrits avec soin ; les deux rives du détroit orientations des ports en vis-à-vis, distances de traversées sont mises en étroite relation l’une avec l’autre. Comme souvent sur ce type de documents, l’échelle de la carte est par ailleurs légèrement modifiée localement pour permettre d’accentuer les reliefs et les dangers de la navigation ; la forme des promontoires et des golfes est cependant simplifiée, stéréotypée, pour une représentation plus pédagogique que véritablement réaliste des lieux. 30La représentation du rocher de Gibraltar et de sa forteresse, comme dans le beau portulan illustré de la Bibliothèque nationale de France, est exceptionnelle. L’iconographie des cartes, par un jeu de vignettes et d’emblèmes, met le plus souvent l’accent sur la frontière politique et religieuse, toute relative d’ailleurs, que constitue le détroit entre une Europe globalement chrétienne et l’Afrique du Nord musulmane. Les cartes marines méditerranéennes de l’époque moderne, plus volontiers ornementales, reprennent et amplifient ces lieux communs de la cartographie médiévale, à destination d’un public cultivé. Notes 1 La bibliographie sur les portulans et les cartes marines médiévales a été notablement enrichie depuis le catalogue de La Roncière, Mollat du Jourdin éd., 1984. On peut y ajouter Campbell, 1987 ; Gautier Dalché, 1995 ; Pujades i Bataller, 2007 ; Hofmann, Richard, Vagnon éd., 2012 ; Vagnon, Hofmann éd., 2013. 2 Fidence de Padoue, Liber de recuperatione Terrae Sanctae, Paris, BnF, latin 7242, fo 123 situs Marochii ». 3 Le détroit ouvre sur l’océan circulaire sur de nombreuses mappemondes médiévales, en particulier mais pas seulement les mappemondes liées aux commentaires de La Guerre de Jugurtha de Salluste et de la Pharsale de Lucain. Les trois principaux noms antiques mis en valeur sur ces schémas sont Gades, et les deux promontoires Calpe et Athlas. On trouvera de nombreux exemples illustrés dans Destombes éd., Mappemondes, A. D. 1200-1500 ; Chekin, 2006. Sur la glose cartographique des auteurs classiques, voir Gautier Dalché, 1994. 4 Pujades i Bataller, 2013, pp. 17-25. 5 Berlin, Staatsbibliothek, Hamilton 396. Il Compasso da navigare, éd. de Motzo, ainsi que l’édition revue et commentée par Debanne ; sur les plus anciens exemplaires de portulans, Gautier Dalché, 1995. 6 Campbell, 1987 et Pujades i Bataller, 2007. Voir également le recensement des cartes sur le site internet rédigé par T. Campbell, [disponible en ligne] ; les cartes portulans de la Bibliothèque nationale de France ont été numérisées et sont visibles sur Gallica, [disponible en ligne]. 7 Gabriel de Vallseca, Majorque, 1447, BnF, CPL GE C-4607 RES ; Gabriel de Vallseca, 1449, Archivio di Stato di Firenze, CN 22 ; Pere Rossell, 1449, Karlsruhe, Badische Landesbibliothek, S. 6 Pujades i Bataller, 2007, cartes 47 et 48. 8 Bouloux, 2002, pp. 249-254. 9 Grazioso Benincasa, 1466. Atlas de la Méditerranée et Atlantique, [disponible en ligne]. 10 Astengo, 2007. 11 Id., 2005, p. 24. 12 Id., 1995 et 2005, p. 29. 13 Petrus Vesconte, Gênes, 1313, BnF, CPL GE DD-687 RES Recueil de six cartes, manuscrit enluminé sur vélin, échelles diverses, 48 x 40 cm chacune. D’après les remarques de Pujades i Bataller, 2007, p. 475, cet axe occident-orient principal, qu’il appelle diaphragm line », se situe le plus souvent à la latitude de Barcelone. 14 De viis maris, éd. de Gautier Dalché, p. 194 Quia sciendum est quod duo introitus sunt in mari illo Mediterraneo, quorum unus est ad districtas Affrice, alter apud Constantinopolim qui dicitur brachium Sancti Georgii. Qui autem per mare in terram promissionis ire volunt, per unum istorum aditum vel per portus qui inter illos duos sunt intrare oportet. » 15 Aujourd’hui Portopi, quartier du port à Palma de Majorque. 16 Palma de Majorque, Arxiu del Regne de Mallorca, A. J. 474, fo 129ro-vo Cumque posito quod dicta navis nunc existens ante portum de Portopino habeat accedere et navigare ad partes Flandiarum sive ad partes de ponent, illa poteste navigare per maria distancia a dicto transitu dictarum insularum et terram Catalonie. Fundante hoc dicto venerabili Arnaldo cum quadam carta de navegar ibi hostensa et per eum patefacta, et cum quodam compàs signata designando maria Probencia [sic] » trad. et com. dans Vagnon, 2013, pp. 495-499. 17 De viis maris, § 4 Deinde in eadem terra Sarracenica est bonus portus Sibille qui dicitur Godelkevir, vel Udelkebir. In ascendendo superius per eundem fluvium itur ad Cordebam civitatem in qua Lucanus natus fuit. » 18 Villaverde Vega, 2001, carte p. 196. 19 De viis maris, § 6 Et est sciendum quod ex utraque parte districtarum Affrice est mons magnus, scilicet unus in Hyspania qui dicitur Calpes et alter in Affrica ex opposito qui dicitur Athlas. Et ad introitum districtarum Affrice sunt in Affrica secus mare civitates quarum nomina hec sunt Sparte, Tange, Cacerium, Muee, Boloos, Scep, que est una de nobilissimis civitatibus Affrice. Et in Hyspania, quasi ex opposito, sunt civitates et castella quarum nomina hec sunt Becke et Tele, hec villa est ad introitum districtarum in Hyspania, et Dudemarebait, Ieziratarif, Gezehakarera et Iubaltarie insula mons magnus, Mertell, Swell castellum Maurorum . [§7] Ad pedem insule Iubaltarie sunt due nobiles civitates site quarum una dicitur Alencia et altera Iuballarie et ibi est portus bonus et copia galearum. Et ibi incipit latitudo maris, ita quod vix potest videri ab una ripa in alteram, et quanto plus progreditur, tanto est mare latius. Deinde est castellum in monte situm quod dicitur Turris de Rosture. Preterea in terra regis Cordube sunt Badeluz civitas archiepiscopalis et Granata civitas et alia castella et civitates que non sunt in libro hoc. » 20 Ibid., voir le commentaire prudent de Gautier Dalché dans son édition, p. 266 Becke » pourrait être la rivière Bakka » d’al-Idrīsī wadi Baguh » ou río Salado », Swell castellum Maurorum » pourrait être Sohail », le nom arabe de Fuengirola. 21 Voir la notice rédigée par Marie-Pierre Laffitte dans le catalogue [disponible en ligne], ms. Français 2794 ». Les illustrations sont reproduites dans la base mandragore, [disponible en ligne]. Il existe très peu de bibliographie l’ouvrage a été remarqué ponctuellement pour ses emprunts au Liber insularum Archipelagi de Buondelmonti et pour quelques-unes de ses cartes, voir, par exemple Buondelmonti, Description des îles de l’Archipel, éd. de Legrand, p. xxxiii. Mais le texte est inédit et il n’existe encore aucune étude complète. Une première mise au point sur la composition du manuscrit et le contexte de réalisation dans Vagnon, 2017. 22 BnF, ms. Français 2794, fo 3ro-vo. 23 Selon Motzo, dans son édition de Il Compasso da navigare, pp. cxxv-cxxvii. La valeur du mille romain est de 1 480 m, le mille vulgaire » utilisé par les navigateurs serait de 1 230 m. 24 Une approche intéressante de modélisation des parcours maritimes anciens en prenant en compte les courants et les vents est proposée par Leidwanger, 2013. Je remercie David Gherdevich pour cette référence. 25 Il Compasso da navigare, éd. de Motzo, p. 4, n. 1. 26 BnF, ms. Français 2794, fo 68vo De Monzema a la cité de Septe a CL mile par ponant vers libech et en ce chemin est golf. Et y est le chef de Capharnolit XL mile loing de Septe par levant. Du chef de Entrefort a Septe a CC mile par ponant vers libech. De Oran a la cité de Septe a CCCC mile par ponant vers libech tierce de vent lessant le golf. Septe est une cité, devers levant y a une montaigne qui s’appelle Myna, et une autre de ponant qui s’appelle Belonas. » 27 Cette section est une traduction librement adaptée et enrichie du Liber insularum Archipelagi de Cristoforo Buondelmonti. Voir Buondelmonti, Description des îles de l’Archipel, éd. de Legrand. 28 Il Compasso da navigare, éd. de Motzo, pp. 78-79 Lo complimento de volgere tucta la starea. Hor è complimento de vogere tucta la starea de la terra, soè a ssavere, primaramente la Spagna, e Catalogna e Provenza e Principato e Pullia e Scravenia e tucto l’altro mare entro a Saffi. Peleio de Capo de Pali. » 29 Le manuscrit a été offert à François d’Angoulême, futur François Ier, dont on voit le portrait sur le frontispice fo 1. Voir la notice rédigée par Marie-Pierre Laffitte dans le catalogue [disponible en ligne], ms. Français 2794 ». 30 Il est donc possible que la description du courant dans le détroit corresponde au moment du reflux de la marée vers l’Atlantique. 31 De viis maris, § 5, p. 195 Et est notandum quod ad introitum districtarum Affrice est tantus aque impetus quod, nisi vis venti fortior fuerit ad impellendum impetus aque, negabit navi ingressum. Cum autem navis ingressa fuerit districtas Affrice, non declinabit se neque a dextris neque a sinistris, sed in medio ibit tutissima donec preterierit spatium X miliarium ad estimationem nautarum, et tunc declinandum est in sinistra navigii parte et sic tenere cursum iuxta Hyspaniam et terras illi conjunctas, donec perveniatur ad Marsiliam. » 32 Ibid., § 6 Et est sciendum quod ab introitu districtarum Affrice usque ad Scalonam que est prope Iherusalem, tota terra paganorum in dextra parte navigii, et ex opposito ab introitu districtarum Affrice usque ad montem magnum qui dicitur Muscian est Hyspania Sarracenica. Et iuxta illam est via navium euntium in peregrinatione in terram Iherosolimitanam. Et a monte illo qui dicitur Muscian usque ad Scaloniam in sinistra parte navigii secus mare fere tota terra est terra christianorum. » 33 BnF, ms. Français 2794, f° 2vo ; Il Compasso da navigare, éd. de Motzo, p. 4 Lo dicto monte de Gibeltari de tucte parte se mostra forcato. » 34 La Roncière, Mollat du Jourdin éd., 1984, no 68, pp. 245-246 et no 83, pp. 257-258 ; Hofmann, Richard, Vagnon éd., 2012, pp. 19, 22 et 82-83. Table des illustrations Titre Fig. 1. — Détail du détroit de Gibraltar, Grazioso Benincasa, Atlas de la Méditerranée et de l’Atlantique, 1466, feuille 3, Méditerranée occidentale », Paris, BnF, CPL GE DD-2779 RES URL Fichier image/jpeg, 184k Titre Fig. 2a. — Description des côtes, des îles et des ports de l’océan Atlantique et de la mer Méditerranée, vers 1500, Paris, BnF, ms. Français 2794, fo 3ro URL Fichier image/jpeg, 101k Titre Fig. 2b. — Description des côtes, des îles et des ports de l’océan Atlantique et de la mer Méditerranée, vers 1500, Paris, BnF, ms. Français 2794, fo 3vo Légende © Bibliothèque nationale de France URL Fichier image/jpeg, 128k Titre Carte des distances maritimes entre les principaux ports du détroit Légende DAO D. Gherdevich. © Esri, DeLorme, HERE URL Fichier image/jpeg, 38k Titre Fig. 3. — Description des côtes, des îles et des ports de l’océan Atlantique et de la mer Méditerranée, vers 1500, Paris, BnF, ms. Français 2794, fo 68vo Légende © Bibliothèque nationale de France URL Fichier image/jpeg, 109k Auteur UMR 8589 – LAMOP, Paris Du même auteur Les cartes marines, xive-xviie siècle une appropriation de l’espace maritime in Entre idéel et matériel, Éditions de la Sorbonne, 2018 Le département des Cartes et Plans de la Bibliothèque nationale de France et le programme MeDIan cartographie de l’océan Indien in Parcourir le monde, Publications de l’École nationale des chartes, 2013 L’apport du voyage en Terre sainte au savoir géographique in Le voyage au Moyen Âge, Presses universitaires de Provence, 2017 Tous les textes
Nukumi, le plus gros requin jamais observé outre-Atlantique, a quitté la côte est des Etats-Unis et se dirige vers l'Europe. Un seul requin a réussi à traverser entièrement l'océan, c'était en 2014. Le comportement de cette femelle de 50 ans intrigue donc les spécialistes. Habituellement observée près de la côte est américaine, Nukumi, une énorme femelle requin blanc de 50 ans, se dirige vers l'Europe, selon Geo. Un requin de cinq mètres et d'une masse de deux tonnes Surnommée "la reine de l'océan", mesurant plus de cinq mètres et pesant plus de deux tonnes, elle est le requin blanc le plus gros jamais observé outre-Atlantique. La balise GPS placée sur l'animal a indiqué OCEARCH, organisation qui effectue des recherches sur les requins, que Nukumi traversait actuellement l'Atlantique, direction le Vieux continent. Un seul requin a réussi, en 2014, à traverser entièrement l'océan et rejoindre les eaux portugaises. Généralement, les requins ne dépassent pas la dorsale médio-atlantique, un relief sous-marin qui sert habituellement de barrière naturelle. Nukumi, elle, l'a fait et en serait à la moitié du chemin. Va-t-elle continuer ou faire demi-tour ? "Nous ne pouvons pas prédire si elle va continuer, ou rebrousser chemin. Si elle ne fait pas demi-tour bientôt, elle pourrait se rendre au large d'îles ou sur des monts sous-marins de l'Atlantique est, des endroits comme les Açores. Ou peut-être se dirigera-t-elle vers la mer Méditerranée, car il y a déjà des requins blancs", a indiqué Bob Hueter, spécialiste à OCEARCH. So, what happened on the tracker YESTERDAY?! Well, let me tell you! The Queen Nukumi pinged in - heading toward the Frying Pan Shoals off of NC. Andromache gave a fin wave to the crew of the M/V OCEARCH in Brunswick, GA and little Gladee is still enjoying her time in OBX! \ud83d\ude0d?\ud83d\ude4c Great White Montauk SharkMontauk January 15, 2021 Parmi les hypothèses des experts, ce changement de comportement de la femelle pourrait être dû au fait qu'elle est enceinte. Elle s'éloignerait ainsi des autres prédateurs pour mettre au monde son petit. Le trajet de Nukumi peut-être suivi en temps réel, en fonction des derniers relevés GPS, sur le site d'OCEARCH.
Grande cité portuaire dès le 11e siècle, Venise accroît sa puissance pendant tout le Moyen-âge pour devenir un carrefour commercial rayonnant dans toute la Méditerranée au1 5e siècle. Ce centre économique dominant doit néanmoins faire face, sur cette période, à un changement majeur de la conjoncture l’affirmation de la puissance ottomane en méditerranée orientale et la découverte du Nouveau Monde altèrent sa capacité de domination. 1. Une grande puissance commerciale a. Une cité-état bénéficiant d'un site exceptionnel Le port de Venise jouit d’une situation remarquable entre la Méditerranée orientale et occidentale sur les rives du golfe de l’Adriatique. Installé dans une zone amphibie formée de lagunes, au milieu d’îles et d’îlots, il bénéficie de protections naturelles contre les assauts de la mer mais doit faire face aux menaces d’enlisement. Très tôt, les Vénitiens consolident l’espace en augmentant la superficie des îles les plus stables. La ville offre ainsi un paysage original d’îlots densément urbanisés parcourus de multiples canaux. Ce paysage unique oriente obligatoirement le destin de Venise vers l’expansion maritime. La ville est une cité-État c'est-à-dire qu’elle a ses propres institutions, son gouvernement dominé par un doge chef électif, encadré par un Grand Conseil aux mains des grandes familles aristocratiques vénitiennes. Celui-ci est secondé par un Sénat de 120 à 200 membres. À la fin du 14e siècle l’État est définitivement consolidé, indépendant notamment de l’influence byzantine. C’est cet État qui dirige en particulier les constructions navales et gère l’Arsenal qui fabrique les grandes galères de guerre ou commerciales. C’est le plus grand arsenal européen au 15e siècle, il rassemble 1200 ouvriers. b. Une cité à la tête d'un vaste empire L’essor de Venise s’appuie d’abord sur des relations commerciales anciennes et privilégiées avec les empereurs byzantins. Les négociants vénitiens occupent une place importante à Constantinople, avec des quais et des quartiers réservés, à Corinthe ainsi qu’à Thèbes où ils tiennent le marché de l’huile et de la soie. L’expansion prend également pour cadre la mer Adriatique, le long de la côte dalmate. A l’occasion de la quatrième croisade et de la prise de Constantinople en 1204, la cité conquiert plusieurs territoires, étapes essentielles sur la route de l’Orient les îles ioniennes Céphalonie, Zante et les îles de la mer Egée ainsi que le Péloponnèse. Ils s’assurent l’ouverture des routes vers la mer Noire. La lutte contre Gènes au 14e siècle consacre la primauté de Venise jusqu’au début du 16e siècle. Venise étend son contrôle sur la Crète et sur l’île de Chypre. Les liens étroits entretenus avec les Musulmans permettent également d’obtenir des avantages à Alexandrie ainsi que sur le littoral d’Afrique du Nord où sont installés des comptoirs vénitiens les funduqs. c. Les routes commerciales et les produits échangés Venise développe son commerce dans toute la Méditerranée et au milieu du 15e siècle le bassin est couvert en entier par le réseau vénitien. Même la chute de Constantinople, prise par les Turcs au milieu du 15e siècle, ne parvient pas à stopper son fonctionnement. Les galères vénitiennes naviguent en convois ou mude et effectuent des voyages réguliers vers la Romanie et, par la mer Noire, jusqu’au comptoir de Tana. Les lignes maritimes assurent des liaisons avec les comptoirs de la Méditerranée orientale de Beyrouth à Tyr, d’Egypte ou vers la Méditerranée occidentale par la ligne d’Aigues-Mortes 1402 qui se prolonge vers l’Espagne. Le cadre des marchands vénitiens dépasse la Méditerranée puisque des convois annuels relient Venise à Londres, Southampton ou Bruges par le détroit de Gibraltar et l’Atlantique, la mer de la Rochelle ». Les routes commerciales sont aussi terrestres des marchands allemands acheminent vers le sud par le col du Brenner le fer et le cuivre d’Europe centrale. Venise est aussi reliée à Lyon, via Milan, par les passes alpestres. La cité revend au monde entier les produits de luxes venant d’Orient poivre, épices, soieries ou coton et sucre de Crète. Plus encore comptent les produits de base bois et fourrures proviennent du monde slave et Venise exporte les céréales de Sicile, les vins, les draps… Ainsi le revenu par habitant au début du 15e siècle est quinze fois plus élevé à Venise qu’à Paris, Madrid ou Londres. La richesse de la ville est symbolisée par la frappe d’une pièce d’or, le ducat, qui est jusqu’à la fin du 16e siècle l’étalon monétaire du monde méditerranéen occidental. 2. A partir du 16e siècle, des difficultés que Venise tente de surmonter a. Un contexte défavorable à la cité vénitienne En 1499 Venise, avec la prise de Crémone, de Rimini et de Trieste, s’est étendue vers l’intérieur des terres constitution d’un État de Terre Ferme riche et agricole il faut faire face à une croissance démographique et spatiale de la ville qui dépasse alors les 100 000 habitants. Cependant cette expansion attire l’hostilité de ses puissants voisins l’empereur du St Empire, les rois de France, d’Angleterre, d’Espagne et les Etats de l’Eglise. Au début du 16e siècle, Venise se trouve entrainée au cœur des conflits européens et notamment de la guerre entre François Ier et Charles Quint. La deuxième difficulté pour la cité italienne s’inscrit sans un contexte plus large, c’est la découverte du Nouveau Monde voir fiche Un navigateur européen et ses découvertes Christophe Colomb. Le centre de gravité de l’Europe se déplace au cours du 16e siècle de la Méditerranée à l’Océan Atlantique. Cette découverte retire aux Vénitiens le monopole du commerce des riches métaux, des bois de teinture ainsi que des plantes médicinales. Il provoque également des difficultés pour l’Arsenal vénitien car les caravelles concurrencent fortement les galères pour la navigation. Enfin, un troisième évènement a pour les vénitiens des incidences plus immédiates, c’est la prise de Constantinople par les Turcs Ottomans en 1453. La Méditerranée orientale passe peu à peu sous leur contrôle et se ferme à la pénétration européenne. L’avance turque en Orient fait progressivement disparaitre les comptoirs vénitiens. Chypre est perdue en 1572. b. Malgré ces difficultés, Venise tente de redynamiser ses activités En premier lieu, l’expansion ottomane réduit mais ne stoppe pas l’activité maritime vers l’Orient. La cité recherche par ailleurs des marchés de substitution vers l’Afrique du Nord et à la fin du 15e siècle, elle développe une ligne de convois régulière le long de ses côtes le trafego. La cité cherche ainsi à développer des liens avec les ports de l’Atlantique et la mer du Nord ainsi que les routes commerciales terrestres. Par ailleurs, la croissance de la consommation, au milieu du 16e siècle permet à la République de retrouver son niveau de commerce dans les années 1560. La richesse créée provient également des États de la Terre Ferme l’exploitation des terres agricoles attire les capitaux investis jusque là dans le commerce lointain. Enfin, fortement implantés en Occident, les Vénitiens, comme les Génois, y exercent une domination financière qui leur permet de survivre au déclin de l’activité du commerce oriental au début du 16e siècle. Preuve du dynamisme de la cité, Venise fournit encore, en 1571, la moitié des navires de la flotte chrétienne qui affronte les Ottomans lors de la victoire de Lépante. L'essentiel Principale place portuaire de Méditerranée au 15e siècle, centre économique dont le rayonnement gagne tout le continent européen, Venise doit, au 16e siècle faire face à un contexte difficile rivalité de grandes puissances continentales, expansion ottomane en Méditerranée orientale et surtout glissement des activités économiques vers l’Atlantique. Malgré les contraintes, la cité demeure un centre dynamique tout au long du 16e siècle. Vous avez déjà mis une note à ce cours. Découvrez les autres cours offerts par Maxicours ! Découvrez Maxicours Comment as-tu trouvé ce cours ? Évalue ce cours !
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